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Comprendre
l'acoustique > bases
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Les
coefficients d'absorption
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par
Jean-Pierre Lafont |
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Les coefficients d’absorption communiqués par les fabricants et abondamment reproduits sur internet,
doivent etre abordés avec précaution car les valeurs dépendent
largement des méthodes de mesurage. En outre, les coefficients ne signifient pas grand-chose si le produit n’est pas utilisé dans des
conditions identiques à celles du laboratoire où ils ont été mesurés.
Les matériaux rencontrés dans le traitement acoustique des salles possèdent un coefficient d’absorption qui renseigne
sur l’aptitude du matériau à absorber les sons à différentes fréquences.
Ces données sont utiles pour comparer les propriétés acoustiques entre différents produits et déterminer lequel conviendra
le mieux pour l’application souhaitée.
La valeur du coefficient varie entre 0 et 1. Zéro traduit une absorption nulle tandis que 1 signifie que toute l’énergie
(100%) est absorbée. Les valeurs intermédiaires représentent le pourcentage d’énergie
absorbée. Il suffit de choisir parmi
les valeurs, sachant que plus le nombre est élevé, plus le matériau absorbe d’énergie. On
publie le coefficient d’absorption à plusieurs fréquences espacées d’un tiers d’octave de 100Hz à 5kHz ou d’une octave de
125Hz jusqu’à 4kHz.
Mais rien n'est parfait et il faut tenir compte de l’imprécision des mesures. D'abord, le matériau n’est pas toujours
clairement défini. Exemple : le béton = 0,01 à 500Hz. Quel béton ? De quelle épaisseur ? Avec quelle rigidité ?
La masse volumique est rarement précisée, on ne sait rien du dosage, du calibre du sable et du gravier, de la présence
d’adjuvant, de la température de séchage, de la rugosité de la surface.
Idem pour la mousse, le feutre, le liège, les laines biologiques, etc.
La norme ISO-354 définit les conditions de mesurage avec beaucoup de rigueur. Elle précise le volume de la chambre, la surface de
l’échantillon, son montage, la position des enceintes et du micro, elle tient compte de l’humidité et de la température.
Malgré cela, on trouve d’un laboratoire à l’autre, pour un même échantillon, mesuré dans les mêmes conditions, des écarts pouvant aller
jusqu’à 40%.
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Conditions d'utilisation du matériau
Les coefficients d’absorption peuvent
s’avérer très utiles pour calculer et prédire les performances acoustiques d’une salle. Ceci vaut surtout pour les
grandes salles réverbérantes car le coefficient d’absorption est une grandeur statistique dont la pertinence découle des conditions de mesurage.
Il est peu probable que vous retrouviez chez vous les conditions du laboratoire.
Les pièces d’habitation n’ont pas vraiment de réverbération, au sens propre du terme, même si toutes les parois sont
réfléchissantes. Le volume n’est pas assez grand pour y
prétendre, les réflexions sur les parois de la pièce ne seront pas
assez diffuses. L’angle d’incidence, la température, l’humidité seront
différents.
Enfin, la façon dont le produit est appliqué ou installé joue un rôle prépondérant.
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Les unités
L’absorption totale d’une surface s’exprime en Sabines.
Le Sabine est une grandeur qui exprime l'absorption totale d'un ou de plusieurs éléments. Il faut diviser la valeur
en Sabines par la surface exposée (en mètres carrés) pour connaître le coefficient d'absorption du matériau.
On notera que le coefficient habituellement issu des tests en chambre réverbérante correspond au coefficient de Sabine et non au
coefficient d’absorption de l’énergie sonore.
Le coefficient de Sabine, noté "a", indique la moyenne arithmétique des coefficients de réflexion des différentes surfaces
tandis que le coefficient alpha représente la moyenne géométrique des coefficients de réflexion.
En France, la confusion est entretenue par l’appellation alpha Sabine (S)
pour désigner le coefficient
"a". C’est pourtant le coefficient le plus utilisé.
Remarque: Les coefficients S mesurés en
laboratoire
sont acceptables pour la prédiction de temps de réverbération dans les salles d’un volume confortable, c’est à dire
supérieur à 200 ou
300m3. Dans une pièce d’habitation, les coefficients S paraitront optimistes.
De toute façon, la formule de Sabine qui sert habituellement à calculer la réverbération, ne s’applique pas aux petits volumes.
Un autre phénomène vient s’ajouter : la durée des réflexions aux basses fréquences est surtout dominée par les modes stationnaires et
la réverbération est étrangère à cela.
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L'importance du montage
Les coefficients d’absorption d’un panneau de mousse varient selon le
montage utilisé pendant les mesurages. Selon que le panneau est collé contre la paroi, espacé de la paroi ou suspendu
au plafond, le coefficient sera différent.
Exemple : valeurs mesurées pour un panneau de mousse d’un mètre carré et 40mm d'épaisseur
Type de montage |
125 |
250 |
500 |
1000 |
2000 |
4000Hz |
Collé sur le mur |
0.15 |
0.35 |
0.62 |
0.74 |
0.65 |
0.62 |
Espacé du mur (400mm) |
0.72 |
0.64 |
0.60 |
0.72 |
0.62 |
0.36 |
Suspendu, vertical |
0.43 |
0.66 |
0.68 |
1.33 |
1.36 |
1.08 |
Soyez prudent en lisant les
tableaux. La hauteur de la
surélévation n’est pas toujours indiquée sur la brochure commerciale.
Par exemple, si le vide d'air (plénum) de votre plafond n'est que de
10 ou 15cm, vous n'obtiendrez jamais les performances annoncées. Les coefficients d'absorption sont aussi
des outils de marketing.
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Méthodes de
mesurage
Il existe deux méthodes pour mesurer l’absorption d’un matériau. L'une
utilise un dispositif appelé tube à impédance et l'autre une chambre réverbérante.
Chaque méthode possède ses avantages et ses inconvénients.
Le tube d’impédance ou tube de Kundt
"Le seul moyen pour connaître sans aucune équivoque les caractéristiques d’absorption d’un matériau est donné par le tube à
impédance"
(M.Val - Acoustique appliquée). Le tube à impédance permet de mesurer l'impédance acoustique et le coefficient d'absorption d'un matériau,
sous incidence normale, de manière simple, rapide et parfaitement reproductible.
Les procédures de test sont données par les normes ISO-10534 et ASTM E-1050-98.
Le dispositif comprend un tube rigide, fermé par un haut parleur à une extrémité et par un support
d'échantillon de matériau à l'autre extrémité. Le support est un piston rigide, réglable en profondeur pour varier
la longueur utile du tube.
Là encore, deux méthodes de mesure sont utilisées:
- La méthode des modes stationnaires emploie un signal sinusoïdal. Un microphone
mobile mesure les maxima et les minima de pression à la résonance. - La méthode
par fonction de transfert utilise un bruit blanc et deux microphones fixes pour
déterminer l'écart entre la pression incidente et la pression réfléchie. Le
coefficient obtenu avec le tube à impédance s'appelle "coefficient d'incidence
normale" (n).
Avantages du tube à impédance
- Les conditions environnementales sont stables. Les valeurs collectées ne sont pas influencées par les variations de température
d’humidité ou de vitesse de propagation.
- La taille de l’échantillon est réduite. Tous les échantillons sont sur un pied d’égalité.
- Les résultats ne sont pas influencés par le choix du montage. L’angle d’incidence est toujours le même. -
Les mesures sont reproductibles. La comparaison entre différents matériaux est
plus fiable.
- Les valeurs obtenues sont toujours comprises entre 0 et 1. Elles sont utilisables par tous les logiciels de simulation acoustique.
Inconvénients
- Le diamètre du tube limite la bande des fréquences mesurables. L’obtention d’un spectre complet nécessite l’emploi de deux tubes de
diamètres différents.
- L’angle d’incidence ne reflète pas les conditions réelles d’une pièce réverbérante où l’incidence varie pour chacune des multiples
réflexions.
- Cette méthode rend impossible le mesurage des objets volumineux et des personnes.
La chambre réverbérante
Dans la plupart des situations, le son aborde les surfaces sous des angles d'incidence multiples et variés. Or, le tube à impédance
n'offre qu'une seule incidence perpendiculaire à la surface du matériau. Une méthode alternative très en vogue consiste à mesurer le
matériau dans une chambre réverbérante. Cette méthode permet d’obtenir un coefficient d’absorption sous incidence aléatoire, plus proche
des situations réelles.
La chambre réverbérante est une pièce aux murs très épais, rigides, non parallèles, lisses, d'un volume
supérieur à 150m3
ou 200m3. La réverbération naturelle dans la chambre vide peut atteindre 20 secondes à 100Hz. Sa géométrie exclut la formation de modes
stationnaires. L’échantillon doit couvrir une surface comprise entre 10 et 12m² (ISO-354) et 6,7m² pour la norme américaine ASTM C-423.
Pour déterminer l’absorption, on mesure d’abord la durée de la réverbération de la chambre
vide pour chaque tiers d'octave. Puis on place l’échantillon de matériau dans cette chambre et on mesure à nouveau. La différence des
deux valeurs, ramenée à la surface de l’échantillon, permet de calculer le coefficient d’absorption alpha. Ensuite, les données sont
converties en valeurs par bandes d'octave de 125 à 4000Hz. Le coefficient d'absorption sous incidence aléatoire
exprimé en alpha-Sabine est l'indice le plus souvent proposé pour les matériaux de construction.
Avantages de la chambre réverbérante
- La méthode se rapproche davantage du comportement réel du matériau dans une pièce
réverbérante.
- Elle permet d’introduire les objets volumineux et les personnes.
- Elle permet de déterminer les coefficients influencés par la surface de l’objet.
Inconvénients
- Les résultats sont instables, les valeurs obtenues pour un même matériau peuvent varier d'un laboratoire à l'autre dans des proportions
importantes.
- Elle ne permet pas de déterminer l’impédance du matériau. - Les valeurs sont
optimistes pour une pièce d'habitation.
- Les valeurs obtenues ne sont pas directement utilisables par les logiciels.
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Coefficients supérieurs à 1
En toute logique, il est physiquement impossible qu’un coefficient d’absorption ait une valeur supérieure à 1.
A cette valeur, toute l’énergie émise est absorbée.
On peut comparer cette image à celle d’une fenêtre ouverte sur un espace infini. Le son s’engouffre dans l’ouverture et ne
revient jamais. Pourtant, nombreux sont les produits qui affichent des coefficients de 1,2
et parfois davantage. La procédure décrite dans la norme
ISO-354 le permet sans que cela constitue une aberration.
Alors pourquoi trouve-t-on des coefficients supérieurs à 1 ? Il y a plusieurs explications à cela.
D’abord, contrairement à la méthode du tube à impédance, le son réverbéré par les parois de la chambre aborde l’échantillon sous
des milliers d’incidences différentes. La moyenne des angles d’incidence n’est donc pas nulle. Elle s’établit entre 45 et 60 degrés.
Or, quand une onde rencontre le bord de l’échantillon elle diffracte, c'est-à-dire qu’elle se brise
en contournant l’arête et diffuse son énergie. Cela s’appelle l’effet de bord. Une bande virtuelle d’absorption se
forme sur le périmètre. L’échantillon paraît plus grand qu’il n’est en réalité et l’absorption est augmentée d’autant,
sans que la surface de calcul soit modifiée. L’effet de bord s’accroît avec l’abaissement de la fréquence, ou plus
exactement quand la longueur d’onde augmente en regard des dimensions de l’échantillon. La diminution de la surface,
l’élévation du rapport longueur/largeur, une absorption accrue sont également des facteurs favorables à l’effet de bord.
Le coefficient apparent sera forcément meilleur que celui d’un panneau plat de mêmes dimensions et de même épaisseur moyenne.
D'autre part, la norme précise que les cotés doivent être protégés s'ils ne sont pas exposés dans le
cadre d'une utilisation normale, ou inclus dans la surface dans le cas contraire. Cette recommandation n’est pas toujours
respectée car les fabricants omettent souvent de préciser
au laboratoire les conditions d'utilisation. Ce
détournement de la procédure de test conduit à une confusion fréquente, savamment orchestrée par les fabricants.
Aucun logiciel n'utilise des coefficients supérieurs à 1. Il est donc important de vérifier et de comprendre ses sources avant
d'utiliser un coefficient d'absorption. Les erreurs d’interprétation sont fréquentes.
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La formule de Sabine
Il faut tenir compte des imperfections reconnues de la formule de Sabine qui assume un comportement
linéaire plutôt que logarithmique et n’est applicable que dans un espace
réverbérant diffus. Si les coefficients obtenus sont acceptables pour une salle réverbérante, il en va autrement pour
une pièce sourde. La raison est que, pendant les mesurages, les ondes émises par la source sont réfléchies des milliers
de fois par les parois de la chambre, avant d’atteindre l’échantillon. Du cumul de ces réflexions, il résulte un champ
réverbéré intense et ce sont des milliers d’ondes que reçoit l’échantillon. Ses capacités d’absorption sont sollicitées
de tous cotés et le rendement est élevé.
Par contre, dans une pièce déjà amortie par la présence d’autres matériaux absorbants, l’énergie incidente
parvient à l’échantillon par un nombre de chemins beaucoup plus limité, la plupart des réflexions ayant déjà été "mangées".
L’incidence résultante est réduite et le coefficient d’absorption s’en trouve diminué.
Le coefficient d'absorption sera différent selon que le produit
est utilisé dans un grand hall réverbérant ou dans un salon.
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Coefficients Alpha-W et NRC
Quand les figures détaillées pour chaque fréquence ne sont pas requises, on cherche à résumer l’absorption à une valeur unique.
Il s’agit de l’indice alpha-W qui correspond à la moyenne pondérée des coefficients entre 250 et 4000Hz, rapprochée à une courbe de référence donnée par la norme ISO-11654.
Les valeurs mesurées par bande de tiers d'octave, sont converties arithmétiquement en bandes d'octave puis tracées sur
un graphe. Une courbe de référence standard est alors décalée vers les valeurs mesurées par pas de 0,05 jusqu'à ce que la somme des écarts
défavorables soit inférieure ou égale à 0,10. L’écart est défavorable quand la valeur mesurée est inférieure à la courbe de référence.
La valeur du coefficient pondéré d'absorption acoustique
W est lue à l’intersection de la courbe de référence et de la droite verticale
à 500Hz. La
valeur W varie entre 0,00 et 1,00.
La limite inférieure de la courbe de référence étant 250 Hz, la méthode d'évaluation n'est pas adaptée aux produits destinés à l’absorption
acoustique des basses fréquences tels les résonateurs et les basstraps.
La norme américaine ASTM C-423 utilise une procédure différente pour définir l’indice équivalent nommé NRC (Noise Réduction
Coefficient). L’indice correspond à la moyenne arithmétique des bandes d’octave centrée sur 250, 500, 1000 et 2000 Hz, arrondie à 0,05.
Mais cet indice comporte de nombreuses lacunes. Aucune pondération n’est prévue, ce qui rend l’indice inutilisable pour l’évaluation des besoins en absorption.
De surcroît, la norme exclut l’octave à 4000Hz qui pourtant, coïncide avec la plage où l’oreille est plus sensible.
Deux matériaux possédant un indice NRC identique peuvent avoir des caractéristiques acoustiques très différentes.
Le temps de réverbération global ne peut être obtenu directement avec les indices alpha-W et NRC. Il doit être calculé à partir des bandes
de fréquences par octave ou tiers d’octave.
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